Salut, moi c’est Martin*. Je suis un gars ordinaire, travaillant, comme plein d’autres que vous croisez chaque jour. Mais il y a quelques années, les choses ont dégénéré…
J’étais ce qu’on appelle un alcoolique fonctionnel. Pendant des années, j’ai réussi à cacher ma consommation et à tenir le coup sans que ça ne me nuise trop. Ma blonde m’acceptait comme j’étais, mais à un moment donné, c’est devenu trop et elle m’a mis à la porte. Je me suis trouvé un appartement, mais sans elle, j’étais complètement désorganisé. Ma consommation d’alcool a augmenté, et j’ai fini par perdre mon emploi de représentant. Ça été toute une débarque.
Je n’en menais pas large. Je n’arrivais pas à me trouver un emploi et ça n’a pas été long que je me suis fait mettre dehors de mon appart. Au début, je m’accommodais, passant d’un divan à l’autre, empruntant un peu d’argent à l’un pour en rembourser un autre. J’ai fini par me mettre tout le monde à dos, j’ai perdu mes amis et ma famille a arrêté de prendre mes appels. J’étais seul comme jamais avant. Et tout ça, c’était de ma faute.
À ce moment-là, j’ai vraiment touché le fond. Ça faisait trois jours que je dormais dehors, j’avais froid, j’avais faim… et j’ai même pensé à en finir.
Comme pas mal tout le monde à Québec, je connaissais Lauberivière. Mais je me disais que moi, je n’avais pas d’affaires là. Je n’étais pas comme eux, je n’étais pas un gars de la rue… j’avais juste eu quelques bad luck! Sauf que là, c’était ma seule option, je ne savais plus où aller. J’étais terrifié.
Le jour où j’ai finalement franchi la porte du refuge pour la première fois, les intervenants m’ont accueilli à bras ouverts, sans me juger. Honnêtement, je ne réalisais pas que j’étais si amoché.
À Lauberivière, j’ai pu recevoir un hébergement temporaire et de l’aide pour ma dépression. Tranquillement, j’ai réappris à m’organiser. J’ai été accompagné par des professionnels et trouvé une communauté qui m’aide à rester sur la bonne voie. J’ai même recommencé à travailler. J’ai commencé par des petites jobs au refuge, à la buanderie ou la cuisine.
Ça faisait du bien de me rendre utile. Au bout de quelques mois, je me sentais plus fort, je me suis trouvé un emploi et j’ai repris le contrôle de ma vie.
Aujourd’hui, j’ai un travail stable et un logement à moi. Je reste en contact avec mon intervenante de Lauberivière; ça m’aide beaucoup. Je lui dis souvent qu’elle est comme un ange gardien qui me protège de mes démons.
Parfois, je retourne à la soupe populaire de Lauberivière. Quand les fins de mois sont plus serrées, pour aller voir le monde que j’ai connu là-bas et parce qu’on y mange bien. Ça me rappelle aussi d’où je viens.
Les gens comme moi, on n’en parle jamais aux nouvelles, mais on existe. Mon histoire est peut-être la même qu’un oncle, un fils, ou une collègue à vous. Lauberivière, pour des personnes comme moi, c’est une lueur d’espoir quand tout est noir. Ça peut nous sauver la vie!
*Martin est un prénom fictif utilisé pour protéger l’anonymat de l’usager à l’origine de ce témoignage.
En contribuant à la Grande campagne 2024-25